Dès mon enfance, au cœur de la fabrique de cristal Vallerystal, la lumière et la matière ont éveillé en moi un regard sensible au monde. Diplômée de l’ESAG Penninghen en 1984, j’ai d’abord exercé comme architecte d’intérieur, façonnant des espaces avant de choisir de donner forme à l’invisible : l’émotion.
En 2000, j’ai quitté la France pour le Qatar. Là, dans l’immensité minérale du désert, est né mon véritable langage pictural. Ma palette s’est alors réduite à l’essentiel : la poussière et la lumière, les ombres et les silences.
Quinze ans plus tard, la Malaisie a ouvert une nouvelle page. Le Terengganu, la jungle et la mer ont remplacé le sable et la pierre. Je me suis retirée dans la solitude, laissant la nature tropicale infuser ma peinture. Les couleurs ont jailli, la végétation a remplacé les minéraux, et mes œuvres se sont accompagnées de poèmes — instants de vie, confidences de forêt et de pluie.
En 2021, j’ai rejoint Singapour. Le tumulte de la ville m’a confrontée à un nouvel équilibre : apprendre à respirer dans le bruit, à redéfinir la nature sous des formes urbaines et maîtrisées. Après deux années d’observation, je me suis imprégnée des contrastes et des harmonies de cette cité-jardin. Les shophouses colorées, les maisons noires et blanches, les parcs luxuriants sont devenus la trame d’un nouveau cycle créatif. Mes dernières œuvres — peintures, gouaches et linogravures — témoignent de ce dialogue entre nature et architecture, entre mémoire et renouveau.
Chaque lieu traversé laisse une empreinte, chaque teinte devient une émotion. Du désert au tropique, de la jungle à la ville, je poursuis une quête : celle de la beauté silencieuse du monde.