Chapitre 2
Allongée sur mon lit d’hôtel, mon esprit s’évade à nouveau
Paka Terengganu Malaisie, juillet 2015
Une maison dans la jungle
Je retourne en Malaisie, dans cette maison qui reste gravée dans ma mémoire.
Je me revois dans cette demeure magnifique, un véritable écrin de bois sombre. Les sols et les plafonds exhalent une chaleur apaisante, presque vivante, les ventilateurs tournent lentement, la maison respire l’Asie. Le rez-de-chaussée, un immense open space, m’offrait une fluidité rare. La cuisine sèche s’ouvrait sur une salle à manger, séparée seulement par un meuble en bois. De légers changements de niveau, deux ou trois marches, marquaient la transition entre les espaces, presque comme une chorégraphie silencieuse.
Ma chambre à coucher était extraordinaire, un véritable refuge baigné de lumière. Ses immenses fenêtres sur deux façades donnaient sur un panorama à couper le souffle : une mer de brume dorée, embrassant les montagnes au loin et le fleuve. Chaque matin, je m’éveillais avec un lever de soleil si éblouissant qu’il semblait sorti d’un rêve, un fragment du paradis déposé devant moi. Mais c’était mon atelier, le Bocal, qui était la pièce la plus précieuse. Avec ses fenêtres sur les quatre murs, il captait chaque nuance de lumière, de l’aube à la tombée du jour. Ce cocon lumineux était un rêve pour tout artiste, une invitation à créer, à explorer, à peindre le monde tel qu’il se reflétait dans mon âme. Là, entourée de mes toiles, des couleurs et des odeurs de peinture, j’avais l’impression de toucher l’éternité.