Les couleurs du silence

Chapitre 3

Paka Malaisie, mars 2018

Au Pays des Pantouns

C’est grâce à Lily que je découvris les pantouns, ces poèmes traditionnels malais si riches en émotions et en images. Inspirée par leur simplicité et leur beauté, je me mis à écrire moi-même des petites histoires vécues sous cette forme poétique, donnant une nouvelle dimension à mon travail artistique.

Un matin, Lily était venue me chercher, enthousiaste à l’idée de me faire visiter les environs. La mousson battait son plein, mais entre deux averses, nous profitions de cette fraîcheur presque agréable. En longeant la mer de Chine méridionale, le paysage défilait sous nos yeux : des plages désertes, des villages de pêcheurs, et une lumière particulière que seule la saison des pluies pouvait offrir.

C’est ce jour-là que nous sommes arrivées à ce petit musée, ou plutôt une minuscule maison en bois, nichée au bord du littoral, à Kuala Dungun. Modeste mais charmant, ce lieu abritait des objets traditionnels du Terengganu, des souvenirs du passé, et surtout, des textes pantouns inscrits sur un papier fait avec de la fibre de bambou.

Je me souviens 

de la pluie qui tambourinait doucement sur le toit en tôle pendant que Lily m’expliquait leur signification. Chaque pantoun était une fenêtre sur une époque, une culture, une manière de voir le monde. J’étais fascinée. Ce petit musée, si discret, m’offrait une clé pour comprendre une partie de cette terre qui m’accueillait.

À partir de ce jour, les pantouns devinrent une source d’inspiration majeure dans ma vie et dans mon art. Écrire en adoptant cette forme me permettait de capturer l’essence des moments vécus, de les sublimer en poésie. Ils me rappelaient aussi l’importance de la transmission, de raconter des histoires pour qu’elles ne se perdent pas.

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